samedi 1 juin 2019

Nostalgie


 Nostalgie

Chaque être humain, après des années passées de son vécu, il lui arrive de temps à autre, de revire un événement ou une phase cruciale de sa vie. Bien que les faits se succèdent et s’entassent dans la mémoire à long terme, on arrive toujours à se rappeler certains épisodes qui restent graves à jamais dans notre parcours personnel ou professionnel.
Quand certaines conditions sont réunies, quand on est par moment seul ou dans un endroit calme ou romantique. Quand il n y a pas de phénomènes qui perturbent notre tranquillité, l’esprit peut consciemment ou non, nous ramener dans le passé lointain pour nous faire revivre des sensations qui sont qualifiées d’inoubliables.
Parfois, comme par enchantement, on a l’impression d’avoir enclenché la commande ‘’Play’’, qui généralement se trouve en haut et à gauche de l’application «souvenirs», pour que le film se relance aussitôt. Et hop, c’est partie ! L’écran invisible s’illumine et la projection débute. Au départ, les images vont paraîtres floues, mais à fur et à mesure que les séquences se déroulent, la netteté commence à devenir claire et meilleure.
J’ai un peu plus de 4000 séries emmagasinées tout au long de ma carrière (une trentaine d’années). La majorité de ces séries n’excédent pas les 50 minutes, je pourrais les qualifier de courts métrages. Seul quelques dizaines de films pourront être considérés de longs métrages, à cause de leur durée qui arrive à atteindre parfois difficilement, 1h 50 minutes.
La sélection d’une série ou d’un film quelconque, se fait souvent d’une façon qui est en rapport avec un fait, un événement ou une circonstance observée, à un moment donné. Par d’exemple, quand il pleut, quand le ciel est invisible et masqué par de gros nuages noirs qui ne laissent filtrer aucun rayon du soleil.  Quand la visibilité est réduite sous l’effet des averses, la série qui va être visionnée est en relation avec l’environnement du moment.
La première image que je revois, c’est que je suis aligné au beau milieu de la piste, les gouttes de pluies s’abattent violement sur la glace frontale du cockpit, rendant ainsi la visibilité plus mauvaise (à cause de l’inexistence des essuies glace). Mon corps est bien ligoté par 6 sangles, afin que nous fassions moi et le siège, qu’un seul ensemble. Ma main gauche est positionnée sur la manette des gaz, tandis que celle de droite tenait fermement le manche. J’attendais attentivement la voix du contrôleur pour lâcher les freins.
 Soudain, une voix raisonne dans mon casque : «Atlas 21, vous êtes autorisé pour le décollage, vent du de 220°, 18 kts, …». Le message est généralement suivi par d’autres consignes et informations importantes. Je relâche aussitôt la pression sur les pédales et en même temps ma main gauche pousse la manette à fond vers l’avant. Les secondes sont très précieuses, le grand souci des pilotes de chasse est toujours le ‘’fuel’’, on cherche Tous, à ne jamais perdre une seule seconde, car dans plusieurs situations elle peut être décisive.
Le réacteur est à plein puissance, le post de combustion est allumé et j’entendis le bruit rapide du ‘’détotalisateur du fuel’’ qui décompte déjà les centaines de litres consommés. En quelque secondes, la vitesse est déjà à plus de 150 km/h, permettant ainsi de chasser les gouttes de pluies de la glace frontale. Une légère pression sur le manche pour soulever la roulette du nez, et afficher l’assiette qui va permettre à l’avion de quitter le sol à la bonne vitesse. Le reste du message émis par la tour de contrôle est mémorisé pendant la phase de décollage.
 Tous se précipitent et se bousculent dans ta tête, les événements et les informations arrivent par bloc et la vitesse est en augmentation vertigineuse. Le cerveau passe à la vitesse supérieure pour gérer une situation très évolutive.  Il va falloir écouter, comprendre, analyser, répondre, anticiper, décider, piloter … d’innombrable actions qui peuvent sembler impossible à les effectuer toutes en un temps bref.  Ceci montre que Dieu le tout puissant a crée l’humain d’une façon parfaite et avec des potentialités incroyables. Aucune machine aussi performante soit elle, ne peut égaliser ou rivaliser la création de Dieu.
Après une quinzaine de secondes, je suis au beau milieu de la couche de nuage. Je coupe le post de combustion et je baisse le siège pour mieux me focaliser sur les instruments du tableau de bord. Je dois veiller à respecter scrupuleusement les données fournis par chaque cadran si je veux survivre. La bête continue à monter selon les normes requises, j’attendais avec impatience la sortie de ce milieu inconfortable et aveugle. Soudain, après 4 minutes qui me paraissaient une éternité, le décor changea brusquement, le soleil brille, le ciel est bleu et je vois au dessous de moi, un tapis blanc qui s’étend sans limite, donnant l’impression que la terre n’existait plus. On a l’impression qu’on est unique dans le monde. Rien que moi et cette machine dont on est avec le temps devenu amis. La vue de ce nouveau paysage tout à fait différent de celui dans lequel j’étais il y a à peine quelques minutes est sidérant. Je me sentais envahi à la fois par des sensations différentes et contradictoires : la puissance, la joie, le bonheur, la suprématie, L’assurance, mais aussi la peur et la folie.
Un coup d’œil sur le jaugeur me rappel que Le temps alloué arrive à sa fin. Il va falloir penser à l’atterrissage. Retrouver son chemin et ne pas perdre le nord si je veux encore remettre les pieds sur terre. Les conditions météorologiques étaient au décollage, défavorables, je dois m’informer maintenant sur la nouvelle météo du terrain pour me préparer à affronter le danger. La mission n’était pas seulement une partie de plaisir, mais elle est aussi une mission de vie ou de mort, car le plaisir a toujours un prix à payer.


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