Nostalgie
Chaque être humain, après des années passées de son vécu, il lui
arrive de temps à autre, de revire un événement ou une phase cruciale de sa
vie. Bien que les faits se succèdent et s’entassent dans la mémoire à long
terme, on arrive toujours à se rappeler certains épisodes qui restent graves à
jamais dans notre parcours personnel ou professionnel.
Quand certaines conditions sont réunies, quand on est par
moment seul ou dans un endroit calme ou romantique. Quand il n y a pas de phénomènes
qui perturbent notre tranquillité, l’esprit peut consciemment ou non, nous
ramener dans le passé lointain pour nous faire revivre des sensations qui sont
qualifiées d’inoubliables.
Parfois, comme par enchantement, on a l’impression d’avoir
enclenché la commande ‘’Play’’, qui généralement se trouve en haut et à gauche
de l’application «souvenirs», pour que le film se relance aussitôt. Et hop, c’est
partie ! L’écran invisible s’illumine et la projection débute. Au départ,
les images vont paraîtres floues, mais à fur et à mesure que les séquences se
déroulent, la netteté commence à devenir claire et meilleure.
J’ai un peu plus de 4000 séries emmagasinées tout au long de
ma carrière (une trentaine d’années). La majorité de ces séries n’excédent pas
les 50 minutes, je pourrais les qualifier de courts métrages. Seul quelques
dizaines de films pourront être considérés de longs métrages, à cause de leur durée
qui arrive à atteindre parfois difficilement, 1h 50 minutes.
La sélection d’une série ou d’un film quelconque, se fait
souvent d’une façon qui est en rapport avec un fait, un événement ou une circonstance
observée, à un moment donné. Par d’exemple, quand il pleut, quand le ciel est
invisible et masqué par de gros nuages noirs qui ne laissent filtrer aucun
rayon du soleil. Quand la visibilité est
réduite sous l’effet des averses, la série qui va être visionnée est en
relation avec l’environnement du moment.
La première image que je revois, c’est que je suis aligné au
beau milieu de la piste, les gouttes de pluies s’abattent violement sur la
glace frontale du cockpit, rendant ainsi la visibilité plus mauvaise (à cause
de l’inexistence des essuies glace). Mon corps est bien ligoté par 6 sangles, afin
que nous fassions moi et le siège, qu’un seul ensemble. Ma main gauche est
positionnée sur la manette des gaz, tandis que celle de droite tenait fermement
le manche. J’attendais attentivement la voix du contrôleur pour lâcher les
freins.
Soudain, une voix raisonne
dans mon casque : «Atlas 21, vous êtes autorisé pour le décollage, vent du
de 220°, 18 kts, …». Le message est généralement suivi par d’autres consignes
et informations importantes. Je relâche aussitôt la pression sur les pédales et
en même temps ma main gauche pousse la manette à fond vers l’avant. Les
secondes sont très précieuses, le grand souci des pilotes de chasse est
toujours le ‘’fuel’’, on cherche Tous, à ne jamais perdre une seule seconde,
car dans plusieurs situations elle peut être décisive.
Le réacteur est à plein puissance, le post de combustion est
allumé et j’entendis le bruit rapide du ‘’détotalisateur du fuel’’ qui décompte
déjà les centaines de litres consommés. En quelque secondes, la vitesse est
déjà à plus de 150 km/h ,
permettant ainsi de chasser les gouttes de pluies de la glace frontale. Une
légère pression sur le manche pour soulever la roulette du nez, et afficher l’assiette
qui va permettre à l’avion de quitter le sol à la bonne vitesse. Le reste du
message émis par la tour de contrôle est mémorisé pendant la phase de
décollage.
Tous se précipitent et
se bousculent dans ta tête, les événements et les informations arrivent par
bloc et la vitesse est en augmentation vertigineuse. Le cerveau passe à la
vitesse supérieure pour gérer une situation très évolutive. Il va falloir écouter, comprendre, analyser,
répondre, anticiper, décider, piloter … d’innombrable actions qui peuvent
sembler impossible à les effectuer toutes en un temps bref. Ceci montre que Dieu le tout puissant a crée
l’humain d’une façon parfaite et avec des potentialités incroyables. Aucune
machine aussi performante soit elle, ne peut égaliser ou rivaliser la création
de Dieu.
Après une quinzaine de secondes, je suis au beau milieu de la
couche de nuage. Je coupe le post de combustion et je baisse le siège pour
mieux me focaliser sur les instruments du tableau de bord. Je dois veiller à
respecter scrupuleusement les données fournis par chaque cadran si je veux
survivre. La bête continue à monter selon les normes requises, j’attendais avec
impatience la sortie de ce milieu inconfortable et aveugle. Soudain, après 4
minutes qui me paraissaient une éternité, le décor changea brusquement, le
soleil brille, le ciel est bleu et je vois au dessous de moi, un tapis blanc
qui s’étend sans limite, donnant l’impression que la terre n’existait plus. On
a l’impression qu’on est unique dans le monde. Rien que moi et cette machine
dont on est avec le temps devenu amis. La vue de ce nouveau paysage tout à fait
différent de celui dans lequel j’étais il y a à peine quelques minutes est
sidérant. Je me sentais envahi à la fois par des sensations différentes et contradictoires :
la puissance, la joie, le bonheur, la suprématie, L’assurance, mais aussi la
peur et la folie.
Un coup d’œil sur le jaugeur me rappel que Le temps
alloué arrive à sa fin. Il va falloir penser à l’atterrissage. Retrouver son
chemin et ne pas perdre le nord si je veux encore remettre les pieds sur terre.
Les conditions météorologiques étaient au décollage, défavorables, je dois
m’informer maintenant sur la nouvelle météo du terrain pour me préparer à
affronter le danger. La mission n’était pas seulement une partie de plaisir, mais
elle est aussi une mission de vie ou de mort, car le plaisir a toujours un prix
à payer.
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